Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les aventures de Pierre Charlus
6 décembre 1998

Conflit avec les Lebiciens

Le bruit venait de la porte ; quand Pierre s’éveilla, des rais de soleil filtraient partout à travers les ouvertures des planches ; après les compliments d’usage, toujours longs chez les Ulates, La femme exposa l’objet de sa visite : elle venait chercher au village des Ancêtres une jolie fille qui deviendrait la femme de son fils, après les quelques mois d’essai réglementaire... À un moment la femme ramena son jupon avec le pied ; Pierre vit un bout de bottine noire, qui lui parut vernie ; résigné, il reprit le chemin du village : il avait épuisé toutes les joies de la conquête et menait autour de sa femme une garde vigilante.... On plongea une sagaie dans le foyer, la pointe en l’air, le Dieu reposant sur l’or... En face de lui, une large baie s’ouvrait sur un fouillis d’arbres et de plantes, aucun Tarasconien ne s’y hasardait, à cause des requins : ils pullulaient en ces parages ; on en voyait de toutes les espèces, des noirs, d’autres d’un blanc laiteux, certains avec des ailerons blancs à extrémité noire, et les requins-marteaux, à tête plate, avec des yeux démesurés à fleur de peau... Dans la chaleur humide de cette matinée de décembre, en plein été tropical, la mer était particulièrement attirante. Pierre, une fois de plus, rêvait aux délices interdits d’un bain. Entre les dernières baraques et la mer, quelques rochers perçaient la dune ; à leur pied, à dix mètres de l’eau salée, suintait une source ; elle était presque saumâtre, à peine buvable ; mais les indigènes avaient pour elle une vénération superstitieuse. Son rapport était parti. Or voici qu’un jour des Lebiciens vinrent en effet, se disant les propriétaires de la terre de Pierre, de la hutte et des troupeaux. Rien n’y fit... Car quand des Lebiciens venus à l'ouest de chez les Mahafaly, ou à l'ouest de chez les Antaisaka, enlevaient le troupeau d’un village, c'était la ruine, la famine, l’impossibilité de payer l’impôt. Pierre, esprit fort de Sausset-les-Pins, fit une plaisanterie sur leur déesse, alors une de leurs bandes aurait paru dans le district d'Edimbourg, à moins de cent kilomètres de Diennes-Aubigny : on parlait d’un village brûlé, les communications télégraphiques seraient interrompues. À partir de ce moment, l'égoïsme masculin de Pierre contribua à le débarrasser de sa passion, devenue pour lui une gêne... Par un de ces obscurs phénomènes psychiques, qui, dans les limbes de la conscience, lient l'amour à la mort, et font que le rut est proche du meurtre, qui dans la série animale pousse certains êtres à s’entretuer après l’acte, et dans la série humaine explique les crimes passionnels, il conçut la pensée de faire mourir la Lebicienne qu’il aimait...

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité