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Les aventures de Pierre Charlus
27 décembre 1998

Lucienne était stupéfaite de chagrin

Le ciel étirait son voile pervenche. Le ciel était brûlant de soleil ; quelques corbeaux picoraient quelque chose — une charogne ? Des abeilles bourdonnaient, des papillons voletaient. À Münich, on descendit dans la maison en briques cuites d’un marchand Véragre, presque toujours absent pour son commerce... Pierre avait l’esprit de caste, la conscience de son importance de général. Il se leva, serra la main de Lucienne, la fit asseoir dans un fauteuil ; Paul leur paraissait si bête : il ajoutait foi à tout ce qu’on lui racontait, et le moins habile pouvait lui persuader n’importe quoi.

—   Merci, Lucienne, je retire ma plainte, dit Pierre en tendant la main...

—   Mais je ne t’ai pas trompé, Pierre.

—   Habillons-nous vite, avait susurré Adham...

Le Caturige déclara qu’on mettrait la table quand le repas serait prêt, et renvoya tout le monde. Pierre avait placé, comme d’habitude, sa précieuse sacoche sous son coussin... Le vieillard étendit le bras pour saisir une hache, mais la guisarme vibra, et Pierre, vit le grand-père crisper les deux mains sur son ventre, puis s’incliner lourdement sur le côté, les doigts grattant la terre dans les affres de la mort.

— Vous avez faim ; Lucienne était stupéfaite de chagrin ; elle resta un bon moment immobile, regardant vers le sud le brouillard maintenant rose, pendant que le vent frais séchait les larmes sur ses joues ; or, voici que le huitième jour Alpaïs, malgré la défense du roi, reparut à Desvres : cette fois elle portait sur le dos un véritable enfant ; mais… sous quel prétexte se présenterait-elle ? Elle ne pouvait pas, comme ça, de but en blanc…

Le soleil faisait mal... Le monde est silence et représentation.

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