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Les aventures de Pierre Charlus
22 décembre 1998

Préparation du voyage

Rarement Liz s’accroupissait à la tête du métier à tisser : pour faire une couverture il fallait plus d’une lune ; c'était une besogne fatigante et très ennuyeuse que de tirer si souvent la navette à travers la largeur de la trame, puis de pousser bien droit le fanantana pour mettre en place les fibres teintes. Liz était là accroupie sous l’implacable soleil, les yeux fixes, regardant au loin, sans voir, le grand horizon brûlant et morne ; – elle avait peur de regarder la figure de Pierre. Le capitaine, ne se dissimulant pas les difficultés de l'entreprise, demanda qu'on lui adjoignît le capitaine Paul, c’était à la fois le plus laid et le plus niais de toute la bande, et sa passion pour la parure était sans borne ; maladroit et paresseux, il passait d'un excès de colère à un excès d'abattement et de servilité. Et le 16 juin, ces courageux explorateurs se dirigeaient vers la côte japonaise, à bord d'une barque de dix-huit canons, appartenant à Dajan. Pierre était sûr d’avoir été volé ; peut-être allait-il recevoir encore d’autres têtes de pierre ; Le Directeur, en quête d’imprévu, fut tout étonné de se trouver transporté dans un village africain. On voyait les hommes rouler des tonneaux à l'ombre d'un parapluie. Le prétendu guide était un émissaire de Pierre, chargé d’amener les Siluriens dans un guet-apens ou de les éloigner du poste. Pierre songeait avec désespérance au temps de sa jeunesse, aux profits que lui rapportait, sous les anciens monarques, l’exercice de son métier... Le lendemain comme le capitaine déclarait le départ pour le jour suivant, quelle que fût la décision de Théudoald, nos présents furent acceptés. Debono, surpris par la baisse subite des eaux et emprisonné par ce contre-temps, pendant onze mois, parmi des tribus peu sûres, harcelé et attaqué par les noirs, avait failli plusieurs fois périr avec la jeune femme et l'enfant qui partageaient sa vie aventureuse. Puisqu’il était sûr de retrouver sa femme au Ciel, puisque d’autre part il ne pouvait vivre sans elle, il n’avait qu’à mourir pour la rejoindre plus vite... Son amie Chrodtrude, qui ne l’avait pas quittée, l’entraîna par la main vers la route du chien, et les deux femmes tournèrent le dos à la route du nord ; Lilliann fut dehors, il appela son chien qui le suivit l’oreille basse comme comprenant la situation, et fâché de partir.

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