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Les aventures de Pierre Charlus
5 décembre 1998

Les Betarrates

Dompierre-sur-Mont s’éloignait… Plus qu’une monotone bordure de palétuviers, rappelaient dans les lointains les formes connues des peupliers de nos rivières. Les alignements réguliers s’abaissaient, s’effaçaient en bandes bleuâtres dans les sables dorés. Les vents se répondaient des quatre coins de l'horizon, et l'orage se précipitait vers les courants inférieurs de l'atmosphère... Le vent du matin venait du nord, pendant le jour il était variable, et le soir un souffle léger s'élevait des eaux. Naples, sans le canal qui n'existait pas encore, ne serait qu'une ruine très désagréable à habiter. Au sud des Rèmes habitaient les Betarrates, tribu moins énergique et dont la condition sociale était inférieure à celle de leurs voisins, tout en s'en rapprochant beaucoup. Le souverain indigné du peu de valeur d'un morceau d'organdi qu'on osait lui offrir, saisit une grande cuiller de bois, et chassa les marchands. Chacun d’eux avait son caprice, tous ont horreur des caisses, à moins qu'elles ne soient assez légères pour qu'on puisse en mettre une à chaque bout d'une longue perche, ou bien assez lourde pour exiger deux hommes, et se balancer entre eux. Ermenberta s’était remise à genoux, récitant tout bas une prière noire, enlaçant de ses bras les jambes de Pierre. Aussi les Betarrates, population d'esprit plus lourd, mais de bon sens pratique, avaient mis la main sur le peuple Rème et l'avaient soumis partout où ils s'en étaient donné la peine. L’hôpital était silencieux comme une grande maison de la mort. On respirait dans l'hôpital de Pleumartin des lourdeurs de fièvre, comme d’indéfinissables effluves de mort.

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